Quittant le couvent de Paterno en Calabre le 2 février 1483 (44) où il réside alors, assisté du sieur de Baudricourt, François se rend à pied auprès du roi Ferdinand à Naples, accompagné de trois de ses frères ermites, Bernardino Otranto da Cropolati, Giovanni Cadurio della Rocca et Nicola d’Alessio (son neveu) ; le 25 février 1483, il fut « honoré et visité autant qu’un grand légat apostolique, tant du roi de Naples que de ses enfants » (45). Alors, selon le témoin 5 du procès de Cosenza, l’ermite fut « vaincu par les prières et les supplications d’hommes de si haut rang » et se résigna à se rendre auprès de Louis XI.
Partant de Naples, « sur une galère » selon Hilarion de Coste, François rejoint Rome en compagnie du prince de Tarente. Il y est reçu par le pape Sixte IV avec lequel il s’entretient par trois fois aux dires de Philippe de Commynes, ainsi qu’avec des cardinaux ; « Sa Sainteté et tous les princes du Sacré Collège le reçurent, le caressèrent et l’honorèrent comme un homme apostolique ». Hilarion de Coste ajoute qu’il « prédit au cardinal Julien de la Rovere… neveu de Sixte, qu’un jour il serait pape et qu’il confirmerait ses Règles ». (46)
Le voyage vers la France
Depuis le Plessis-lès-Tours, Louis XI envoya une escorte commandée par Guynot de Boussière (ou de Lauzières) maître d’hôtel du roi et sénéchal du Quercy, pour accompagner vers la France François de Paule et ses Frères ermites Bernardino Otranto da Cropolati et Giovanni Cadurio della Rocca. De cette escorte faisaient aussi partie Jean Jolys, Guillaume de Chassy et Guyart, bisaïeul de l’Ursuline Marie de l’Incarnation (47). Jean Jolys, au procès informatif de Tours le 21 juillet 1513 témoigne qu’il accompagna Guynot de Boussière et ses compagnons « dans les régions de Sicile et de Calabre sur ordre dudit roi pour amener au pays de France ledit défunt Frère François de Paule…Le témoin, avec d’autres ambassadeurs dépêchés par le roi Louis, demeurèrent six ou sept mois dans ledit duché et royaume de Naples avant d’obtenir le consentement dudit Frère François. Pendant ce temps, ils allèrent voir Sa Sainteté notre Seigneur le Pape alors régnant, et le roi de Naples, et les supplièrent chacun, de la part dudit roi Louis défunt, de bien vouloir et d’accepter de faire passer ledit Frère François près du roi et du pays de France ». (48)
Quittant Rome, l’escorte avec ses mariniers embarque sur une galère napolitaine à rames à Ostie (ou à Civita-Vecchia selon d’autres biographes). Le niveau de la mer étant trop bas, François, selon le récit d’Hilarion de Coste, obtient par ses prières la montée des eaux. L’étape de Gênes est évoquée par Lucas de Montoya, Franciscus Lanovius (François de Lanoue 1595-1670) et par le Minime François Giry (49). Elle constituait alors un mouillage obligé sur la route maritime entre les ports occidentaux de l’Italie et ceux de la Provence. Dans le Golfe du Lion, l’embarcation essuie une violente tempête que l’ermite calme par ses oraisons. Ce narrateur indique encore qu’il « parut un vaisseau de guerre dans lequel étaient des pirates qui, ayant découvert la galère de Naples où était ce saint homme, ils firent dessein de la voler et de tuer ceux qui étaient dedans… Mais le bon Père n’eut pas aussitôt dit aux mariniers et à tous ceux qui étaient dans la galère : « Allons avec la paix de Dieu, il ne faut avoir aucune crainte, il n’y a pas de péril », que les vents favorisèrent la galère et leur firent éviter ces écumeurs de mer. » (50)
En vue des côtes de Provence, il fallut toutefois choisir un autre lieu de débarquement que Marseille ou Toulon où sévissait la peste. On se dirigea alors vers les îles d’Hyères pour aborder près du village de Bormes, à Brégançon. Selon une tradition orale reproduite par le Père Claude du Vivier dans Vie et miracles de saint François de Paule instituteur de l’Ordre des Minimes (1609), l’ermite séjourne à Fréjus où pourtant la peste sévissait et où plus tard un couvent est édifié. Il y accomplit plusieurs miracles en guérissant de la peste (51).
L’itinéraire suivi entre la Provence et Lyon a donné lieu à des débats. Jusqu’ici, on supposait que le voyage de Fréjus à Lyon s’était effectué par mer de Fréjus à Marseille (le doute s’établit puisque cette ville est confinée par la peste), ou par terre de Fréjus à Arles ou Avignon puis en barque par remontée du cours du Rhône. Or aucun historien de l’Ordre des Minimes ne mentionne un tel itinéraire sur le Rhône. Le récit du minime Hilarion de Coste lève en partie le doute : « Enfin notre saint arrivant en France ne fut pas seulement bien reçu dans les villes de Bormes et de Fréjus, mais aussi dans les autres villes de Provence, de Dauphiné et de Lyonnais ». Il faudra dès lors penser que ce voyage s’est effectué par terre, notamment à travers le Dauphiné jusqu’à Grenoble avant de rejoindre Lyon, puis Roanne. L’une des hypothèses les mieux fondées serait donc un itinéraire par terre (plus tard connu sous le nom de route Napoléon) via Grasse, Castellane, Sisteron, Gap, Vizille, Grenoble, Lyon. C’est aussi l’opinion d’un chercheur qui écrit : « François n’a pas pu y arriver par la voie fluviale la plus confortable et la plus facile que représente le cours du Rhône, mais pour un long itinéraire terrestre plus adapté à son modèle ascétique ermite itinérant : lui, voyageur accompli, qui constamment marchait à pied, transmettait mieux son charisme thaumaturgique aux gens qu’il a rencontrés dans les rues ». (52)
La troupe arrive à Lyon le 24 avril 1483 comme l’attestent les comptes de la ville. Par lettre du 24 février, Louis XI avait déjà ordonné au corps de ville de faire bon accueil à l’ermite : « Nous envoyons notre ami et féal conseiller et maistre d’ostel Rigaud d’Oreille à Lion au-devant de Guynot de Lozières [de Boussière] qui amène un homme de saincte vie avec lui que nous avons envoyé quérir à Naples et avons donné charge au dit d’Oreille de faire faire un chariot et litière pour l’amener mieux à son aise. Nous vous prions, sur tout le service que vous désirez faire, que vous receviez et festoyez ce sainct homme le mieux que vous pourrez ». Il renouvelle ses ordres le 27 mars : « Quand le dit saint homme sera arrivé par-delà, recevez-le et le fêtez comme si c’était nostre Saint-Père… nous le voulons ainsi pour l’honneur de sa personne et de la saincte vie qu’il mène » (53). À l’étape de Lyon, ceux qui accompagnent François avec ses deux (ou trois ?) compagnons, c’est-à-dire quatre autres personnes, l’ambassadeur du roi de Naples étant reparti, semblent avoir fait bombance. Les comptes de la seule journée du 24 avril 1483 de l’hôtel Griffon font état de l’achat d’un mouton, d’un chevreau, de sept pigeons, de six poulets, de deux douzaines de petits pains, de deux symers de vin blanc et clairet et deux cartes de vin pour Guynot de Boussière, sans compter le dîner des chiens (54). Mais on n’offrit aux ermites que des pommes, des oranges, du raisin et des légumes. Les comptes de la ville de Lyon mentionnent aussi la dépense pour la fabrication d’un chariot achevé le 21 avril et de colliers pour mener le chariot de Lyon à Roanne.
Depuis Lyon, un messager est dépêché au Plessis-lès-Tours pour tenir le roi informé du déroulement du voyage qui s’effectue en partie à pied et en barque, probablement selon l’itinéraire suivant : Lyon à Roanne par la voie terrestre, et sur la Loire de Roanne à Nevers, Gien, Orléans, Blois, Amboise et Tours. Le 30 avril 1483 au soir, François et sa petite troupe quittent Orléans pour descendre la Loire et entrer en Touraine.
La halte d’Amboise
Hilarion de Coste note que le roi « était si content et si joyeux qu’il ne savait s’il était au ciel ou en terre, tant il avait de joie que ce saint homme fût arrivé dans son royaume…, et quand il sut qu’il était à Blois, il commanda à son fils Charles, dauphin de Viennois, qu’il faisait nourrir et élever à Amboise, d’aller le recevoir »….. (55)
La halte d’Amboise n’est fondée que sur une tradition rapportée par l’Espagnol Lucas de Montoya dans Cronica general de la Orden de los minimos de S. Francisco de Paula (Madrid, 1619), puis par François Victon en 1623 et le minime Jacques Rosier dans son Minimologium Turonense de 1653. On sait cependant que, d’après les comptes de la forteresse, des guetteurs avaient été placés pour annoncer l’arrivée sur la Loire. Le vieux roi avait ordonné à son fils, qui résidait alors au château d’Amboise, d’aller accueillir l’ermite et ses deux compagnons. Il semble que cette rencontre avec le dauphin Charles, âgé de 13 ans, ait eu lieu au-delà la porte orientale de la cité, où plus tard fut édifié un couvent de Minimes. Un cortège se forma, comprenant, outre le dauphin, les princes et seigneurs de son entourage, le clergé de la ville et des habitants (56). Un tableau du XVIIe siècle, dans l’église Saint-Denis d’Amboise commémore l’événement : le dauphin relève l’ermite agenouillé à ses pieds (57). Selon la chronologie clairement établie par Mgr Fiot, la rencontre a eu lieu dans la journée du 1er mai 1483.
L’accueil de l’ermite par Louis XI au manoir du Plessis-lès-Tours
C’est le lendemain de ce premier contact avec la Touraine à Amboise que François, accompagné de ses deux compagnons et d’une nouvelle escorte, part pour le Plessis en empruntant le fleuve, les hommes de la suite suivant et surveillant depuis les rives de la Loire. Il aurait débarqué à Tours dans un des ports à l’ouest de la ville pour rejoindre à pied la résidence royale des Montils. Des habitants et le clergé se pressent sur son passage, et cette foule comprend des témoins au procès informatif de Tours. (58)
L’arrivée au Plessis-lès-Tours (les Montils) fut longtemps fixée au 24 avril 1483 ; Mgr Fiot a démontré qu’à cette date, François est encore à Lyon et le roi à Saint-Claude. C’est plutôt le 1er ou le 2 mai 1483 qu’il faut retenir pour date de l’arrivée : « La date de l’arrivée de François à Tours, écrit Mgr Fiot, est longtemps restée dans le flou. On peut la fixer de manière certaine au 1er ou 2 mai 1483, puisqu’on sait, par des comptes de la forteresse de la ville, qu’il passa à Orléans, sur la rivière de Loire, « dans la nuit d’entre le mardi et le mercredi dernier jours d’avril ». François, précise Jolys, arriva au Plessis à pied. Il avait dû débarquer dans un port de Tours ». (59)
Selon la tradition, Louis XI se porta au-devant du vieil ermite ; d’autres textes, issus du procès de canonisation, mentionnent que François « pénétra dans la chambre, le roi lui-même, devant tous, fléchit les genoux en lui demandant sa bénédiction qu’il reçut et déjà l’on disait que ledit défunt avait une vie sainte et austère ». C’est ce que rapporte le brodeur Jean Gallé (60) lors de sa déposition au procès de Tours en 1513. Quant à Robert Touschet (61), rôtisseur du roi, il déclare avoir été « présent lorsque le susdit de Paule arriva au Plessis du Parc et il constata que le roi Louis le reçut avec honneur et crainte de Dieu. Il ordonna qu’on traite cette personne comme lui-même, ce qui fut fait comme l’apprit le témoin de celui qui avait la charge de l’hébergement du défunt dont il ignore le nom et le surnom ».
Non moins intéressant est le témoignage de Philippe de Commynes, historiographe des règnes de Louis XI et de Charles VIII, qui écrit : « De là vint devers le roi, honoré comme s’il eut été le pape, se mettant à genoux devant lui, afin qu’il lui plût allonger sa vie. Il répondit ce que sage homme devait répondre. Je l’ai maintes fois ouï parler devant le roi qui est de présent où étaient tous les Grands du royaume, et encore depuis deux mois, mais il semblait qu’il fut inspiré de Dieu ès choses qu’il disait et remontrait ; car autrement n’eut su parler des choses dont il parlait… Plusieurs se moquaient de la venue de cet ermite, qu’ils appelaient Sainct-homme ; mais ils n’étaient point informés des pensées de ce sage roi, ni ne savaient les choses qui lui donnaient l’occasion. » (62)
notes
(44) Nombreux sont les auteurs qui se réfèrent à l’année 1482. Mais, en raison du fait qu’à l’époque l’année débutait à Pâques, c’est l’année 1483 débutant le 1er janvier qu’il faut retenir pour les documents datés de janvier 1482 à Pâques 1482. Il faudra attendre l’édit de Paris de janvier 1563 puis l’édit de Roussillon de Charles IX du 9 août 1564 pour que le début des années soit fixé en janvier à compter du 1er janvier 1567.
(45) DE COMMYNES (Philippe), Mémoires. Au cours de la rencontre, Alphonse duc de Calabre, Jean cardinal d’Aragon et François duc de Saint-Ange étaient présents aux côtés du roi, leur père. Robert, le père de Jean de Baudricourt, serviteur du roi Charles VII, avait lui-même fourni une escorte à Jeanne d’Arc pour rencontrer le dauphin au château de Chinon le 24 février 1429.
(46) Le cardinal Julien de la Rovere devient pape le 1er novembre 1503 sous le nom de Jules II. Il décède en 1513.
(47) HUTEAU (Lucette), Arrivée et installation de saint François de Paule à Tours d’après le procès de canonisation (D.E.S., Tours, 1967).
(48) Procès de Tours, témoin 5. Ce long délai de six à sept mois pour cette ambassade semble indiquer que Louis XI avait sollicité l’arrivée en France de l’ermite dès l’année 1482 et que les réticences de François à quitter la Calabre furent longues à dissiper avant ses entrevues avec le roi Ferdinand et le pape Sixte IV.
(49) DE MONTOYA (Lucas), Coronica general de la Orden de los Minimos su fundador donde se trata de su vida y milagros, origen de la religion, erection de provincias y varones insignes della, (Madrid, Bernardino de Guzman, 1619). LANOUE (LANOVIUS François de), Chronicon generale Ordinis Minimorum : in quo acta per S. Franciscum à Paula et successores generales, pontificum gratiae, regum privilegia, capitulor. general. eventus, couventuum origines … summatim perstringuntur ; insertae sunt tres priores eiusdem S. Francisci regulae quae necdum prodierant. Accedit Registrum pontificium, seu bullarium à Sixto IV. ad Urbanum VIII. P. Opt. M.. Franc. Lanovius (Paris, Cramoisy, 1635) avec le Bullarium Ordinis Minimorum. GIRY (François, O.M.), La vie de saint François de Paule, fondateur de l’Ordre des Minimes, avec un office et des litanies en son honneur (Paris, François Muguet, 1649). GAETTI (Alberto M., O.M.), « San Francesco da Paola passo per Genova nel 1483 ? » dans Bollettino ufficiale dell’Ordine dei Minimi, juillet-décembre 1962.
(50) DE COSTE (Hilarion, O.M.), op.cit.
(51) BARLES (Guillaume), « Le passage de saint François de Paule à Fréjus » dans San Francesco di Paola, Chiesa e Societa del suo tempo, Atti del convegno internazionale di studio, Paola, 20-24 maggio 1983 (Rome, Curia generalizia dell’Ordine dei Minime, 1984).
(52) DALENA (Pietro), « I viaggi di San Francesco da Paola » dans L’eremita Francesco di Paola viandante e penitente. Atti del convegno internazionale di studio, Paola 14-16 settembre 2000 (Rome, 2006). Cet auteur indique que François était accompagné de trois compagnons ermites : les Frères d’Otranto da Cropolati, Cadurio della Rocca et son neveu Nicola d’Alessio. Il ne retient pas l’escale de Gênes.
(53) VEZIN (Gilberte), Saint François de Paule, fondateur des Minimes et la France (Paris, 1971). La carte de vin équivalait à deux pintes (la pinte de Paris mesurait 0,92 litre et celle de Bordeaux 1,28 litre).
(54) Lettres de Louis XI, roi de France, publiées d’après les originaux pour la Société de l’Histoire de France par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, tome X (Paris, 1908). Les documents divergent quant au nombre de Minimes accompagnant l’ermite vers la Touraine : deux selon Hilarion de Coste, mais trois selon François Giry.
(55) DE COSTE (Hilarion, O.M.), op.cit.
(56) FIOT (Mgr Robert), Saint François de Paule à Amboise (Chambray-lès-Tours, 1975). LAURENCIN (Michel), « Saint François de Paule en Touraine. Conférence donnée à Paola le 23 juillet 2002 », dans Bollettino ufficiale dell’Ordine dei Minimi, octobre-décembre 2002.
(57) Le tableau actuellement dans l’église d’Amboise a été restauré et en partie amputé, un des compagnons de François ayant disparu. Mais une copie de l’original avant sa restauration est conservée dans la chapelle du tombeau du saint, dans l’ancien couvent Jésus-Maria (commune de La Riche).
(58) La présence de la foule est rapportée dans Minimologium Turonense in quo continentur origines, primarii fundatores, benefactorum donationes, religiosi viri, virtuti, pietate, doctrina insignes, resque demum singulares ad turonie. Ordinis Minimorum provinciae natalis spectantes. Actae accuratim continentur. Manuscrit latin de Jacques Rosier, Minime.…(Arch. Dép. Indre-et-Loire, H. 695). C’est par erreur que l’auteur situe l’arrivée en 1482 (ancien style), au lieu de 1483 (nouveau style).
(59) FIOT (Mgr Robert), « La chronique tourangelle et saint François de Paule » dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, tome XXXVII, 1975. Les comptes de la ville d’Orléans ont été publiés par LOTTIN (Denis), Recherches historiques sur la ville d’Orléans (Orléans, 1836). Plusieurs auteurs, dont les Bollandistes, ont fixé par erreur au 24 avril 1482 l’arrivée de l’ermite au Plessis-lès-Tours. Or, en avril 1482, Louis XI est en pèlerinage à Saint-Claude et ne regagne le Plessis qu’en juin. L’erreur tient au changement de calendrier. Car si François quitte la Calabre le 2 février 1482 (vieux style) mais le 2 février 1483 (nouveau style), il n’arrive en Touraine qu’en mai 1483 (nouveau style).
(60) Procès de Tours, témoin 35.
(61) Procès de Tours, témoin 50.
(62) DE COMMYNES (Philippe), Mémoires.