Les procès informatifs en vue de la béatification
Cinq ans après le décès de François de Paule en son couvent Jésus-Maria de La Riche, le pape Jules II, par son bref Dilecte fili du 13 mai 1512, autorise l’ouverture des procès informatifs en Calabre et en France « pour enquêter sur la vie, les vertus et les miracles » du fondateur de l’Ordre des Minimes. Ce faisant, le pontife romain fait droit aux nombreuses requêtes qui lui ont été adressées par plusieurs évêques, la reine Anne de Bretagne épouse de Charles VIII et le Père François Binet, correcteur général des Minimes.
Selon les règles canoniques, les témoins qui sont appelés déposent sous serment devant les représentants de l’évêque du lieu.
Un premier procès, qui entend 102 témoins, le plus souvent de milieux populaires, se déroule en Calabre, à Consenza, San Lucido, Paterno Calabro, Corigliano Calabro entre juillet 1512 et janvier 1513. A Tours, le procès informatif, dans le cadre de 21 sessions, a lieu de juillet à décembre 1513 ; y sont recueillis par les 57 déposants tous les témoignages relatifs à des miracles, des guérisons, à des grâces obtenues, à la sainteté et à l’austérité de vie de l’ermite. Enfin, un procès se tient à Amiens le 15 juin 1513 pour entendre un gentilhomme calabrais résidant alors en Picardie.
Mais sans plus attendre, le pape Léon X, par le bref Illius qui semper du 7 juillet 1513, autorise le culte public de l’élu, équivalent de fait à sa béatification.
La canonisation par le pape Léon X le 1er mai 1519 à Rome
Le « grand procès » de Calabre, e vue de la canonisation, de novembre 1516 à mai 1518, examina les requêtes du roi de France, des princes et princesses de sang, des seigneurs, villes, bourgades et universités du royaume de Naples et du duché de Calabre et entendit les dépositions de 121 témoins.
Le 1er mai 1519, par le bulle Excelsus dominus, le pape Léon X proclame à Rome la canonisation e François de Paule. Au titre des vertus pratiquées par celui qu’il porte sur l’autel des saints, le pape souligne plus particulièrement qu’il « était si doux et si affable en sa conversation que jamais personne ne l’a abordé qu’il n’ait reçu un grand contentement de ses paroles et que ravi de la douceur de son discours, il ne s’en soit retourné comme rempli de l’esprit divin…[et que] par le nom qu’il a donné à son Ordre, il a fait voir l’humilité de son institut ; car comme il désirait d’être tenu pour le plus petit de tous les hommes, il voulut aussi que sa famille portât le nom de Minime. Étant l’instituteur et le correcteur général de son Ordre, il s’abaissait autant qu’il pouvait au-dessous de tous. Et pour donner à ses religieux un vrai modèle de l’humilité, il s’occupait aux fonctions les plus basses, il servait les frères à table, il balayait l’église, nettoyait les autels, pliait les ornements et disposait avec ordre toutes les choses nécessaires pour le service divin ; il lavait de ses propres mains les habits et les vêtements, non seulement des frères, mais encore ceux des novices ».
Selon la tradition, ces trois ambassadeurs offrirent les offrandes à la messe de canonisation. L’évêque de Saint-Malo, Denys Briçonnet porta deux cierges et deux tourterelles dans un petit panier doré ; Jacques Luc, doyen de l’Église d’Orléans deux pains, l’un doré, l’autre argenté avec deux colombes blanches dans un petit panier argenté ; Antoine Raffin, seigneur du diocèse d’Agen, deux barillets de vin, un doré, un argenté avec un petit panier peint de diverses couleurs contenant des petits oiseaux de diverses espèces.
Le 27 mars 1943, le pape Pie XII, par le bref Quod Sanctorum, proclame saint François de Paule « patron des gens de la mer de la nation italienne » et par le bref Lumen Calabriae du 2 juin 1962, le pape Jean XXIII proclame saint François de Paule protecteur de la Région de Calabre (Michel LAURENCIN).